Une grande dimension accordée à l'aquaculture

Forte de ses quatre décennies d'existence, la Conférence des ministres de la Commission sous-régionale des pêches (CSRP) a tenu sa 22e conférence, hier, à Dakar. À cette occasion, le plan stratégique (2025-2029) ainsi que le plan de travail 2025-2026 ont été présentés.
La 22e Conférence des ministres de la Commission sous-régionale des pêches (CSRP) s’est tenue, hier, à Dakar. Étape charnière dans la vie de cette organisation, elle intervient dans le contexte de la célébration de ses 40 années d'existence. À l'occasion de cette session présidée par la ministre sénégalaise Fatou Diouf, le plan stratégique (2025-2029) soumis à la validation des ministres des États membres a été présenté. Il propose ‘’une approche renouvelée, fondée sur une vision plus ouverte à des problématiques de l'heure, qui inscrit notre organisation en son temps, en intégrant la dimension environnementale, prenant en compte des mesures d'adaptation aux changements climatiques ou encore la préservation de la biodiversité dans notre espace océanique’’, selon le secrétaire permanent.
Khallahi Brahim relève que ce plan stratégique accorde une plus grande dimension à l'aquaculture en promouvant le développement de cette activité en tant que l'une des alternatives à la surpêche, mais également aux fins d'exploiter les potentialités dont dispose la sous-région.
De plus, une place prépondérante reste accordée dans ce plan stratégique à l'aménagement de pêche et à la recherche scientifique en tant que ‘’fondement des politiques harmonisées et réussies’’.
La CSRP soumet aussi à l’approbation de son organe suprême le plan de travail 2025-2026 dont les activités sont majoritairement fondées sur une collaboration avec ses partenaires, notamment de l'Union européenne, avec laquelle il est prévu le lancement du programme Wasop dans la sous-région. Ce programme devra renforcer l’action menée par l'organisme contre la pêche INN dans les eaux.
‘’Il contribuera à la redynamisation de la CSRP et posera les bases de la mise en œuvre de la Convention SES que vous venez de signer et qui lie les États membres dans une lutte commune contre ce fléau que constitue la pêche INN dans notre sous-région’’, a indiqué Khallahi Brahim.
Le secrétaire permanent renseigne, par ailleurs, que d'autres négociations sont en cours avec d'autres partenaires sur des thématiques similaires.
Des sujets majeurs ont également été soumis à la réflexion des membres et à leur décision, notamment la dynamique engagée autour du protocole sur l'AIS pour le suivi des navires de pêche industriels étrangers entrant dans les eaux de la sous-région. Il a également été question de parler des suites possibles à donner à leur initiative portée lors de la troisième conférence des Nations Unies sur les océans en vue d'une saison du Tribunal international du droit de la mer sur les deux questions d'intérêt pour la gouvernance en haute mer, mais aussi pour renforcer le suivi des navires hors des frontières maritimes.
‘’Le secteur alimentaire aquatique de l'Afrique devra croître à 74 %’’
Directeur du Département des pêches et de l’aquaculture de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l'agriculture (FAO), Manuel Barange a fait une intervention en ligne. Il a rassuré que l'accord de BPNJ (Accord sur la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale) sera probablement mis en force en 2025. Et que le rôle de l'Organisation de gestion de la pêche régionale dans l'implémentation du nouvel accord sur la biodiversité au-delà de la juridiction nationale, sera très discuté.
En outre, il renseigne que l'accord de WTO sur les subventions de la pêche régionale peut prendre un peu plus de temps pour être mis en œuvre.
Par ailleurs, il relève que la conférence de l'ONU souligne l'importance de l'agriculture pour soutenir la demande de la nourriture aquatique. Et il souligne que l'Afrique contribue seulement pour 2,5 % de la production de l'agriculture mondiale.
De plus, il relève que chaque habitant du continent africain consomme moins de 10 kg de poisson par an. ‘’C'est la moitié de la moyenne mondiale. Mais pour maintenir le rythme de consommation actuel au milieu de ce siècle, à l'année 2050, le secteur alimentaire aquatique de l'Afrique devra croître à 74 %, soit en produisant plus soit en important plus’’, a-t-il indiqué.
‘’La tenue de cette conférence des ministres est un moment décisif pour la CSRP, car elle donne les orientations et fixe le cap stratégique pour les deux années à venir. Elle incarne l'appropriation politique, la solidarité et la responsabilité collectives de nos États dans la préservation, la valorisation et la gouvernance durable de nos ressources halieutiques communes’’, a soutenu le secrétaire permanent de la CSRP.
Dans la même veine, la ministre de la Pêche, des Infrastructures maritimes et portuaires du Sénégal, Docteure Fatou Diouf, note que cette session est une opportunité de consolider l’unité et de faire émerger des propositions structurantes et d'ouvrir de nouvelles perspectives en faveur d'une pêche durable inclusive et souveraine. ‘’La tenue de cette importante réunion témoigne encore une fois de plus de notre ferme volonté collective de renforcer la coopération multilatérale en matière de gouvernance des pêches dans l'espace ouest-africain. Elle intervient dans un contexte marqué par des défis croissants qui nous rappellent l'urgence d'agir ensemble et avec cohérence’’, a indiqué Fatou Diouf.
Après avoir salué le travail du secrétaire permanent, elle a demandé que la CSRP soit dotée de moyens financiers à la hauteur de ses ambitions afin qu’elle puisse continuer à jouer son rôle stratégique. ‘’La question du financement reste ainsi un défi majeur. Il est donc temps qu'un esprit d'anticipation et de responsabilité engage une réflexion prospective sur l'avenir de la commission sous-régionale afin d'en faire une institution encore plus forte de performance et au service des États membres’’, a dit Mme Diouf.
BABACAR SY SEYE